CARNETS 2017-19




Avec toi  Modèle  Revest  Vision d’épouvante  Plongée  Terroristes  Suicide  Cinéma  L’aventure  Pastiche  Colle Nos moutons  SAVOIA !  Louis XIV   Banalités  Terrier  2019  Macronie
  



Je suis enragé, enragé… 

Mimmo Rotella


Le trait caractéristique, absolument caractéristique de l'homme médiocre, c'est sa déférence pour l'opinion publique. Il ne parle jamais, il répète toujours. Il juge un homme sur son âge, sa position, son succès, sa fortune. Il a le plus profond respect pour ceux qui sont connus, n'importe à quel titre, pour ceux qui ont beaucoup imprimé. Il ferait la cour à son plus cruel ennemi, si cet ennemi devenait célèbre ; mais il ferait peu de cas de son meilleur ami, si personne ne lui en faisait l'éloge. Il ne conçoit pas qu'un homme encore obscur, un homme pauvre, qu'on coudoie, qu'on traite sans façon, qu'on tutoie, puisse être un homme de génie.

Ernest Hello, L'Homme




Avec toi

Regarder les fleurs, les arbres, sentir la fraîcheur du soir, le son des grillons, voir le jour se lever, se protéger du soleil de midi, marcher sur les feuilles, sous les frondaisons des marronniers, tout cela est beau et doux mais infiniment plus doux et beau de le faire, de le sentir avec toi ma chérie.

Visite à Jacques Faujour, le photographe du Centre Pompidou et  diacre à la cathédrale Notre Dame de Créteil, nous évoquons Lucio Fontana, Giacomo Manzù, Peter Stämpfli…

Découverte de l’œuvre d’Emile Mâle qui vient à point nommé après les visites à Chartres et la lecture des Cathédrales de France de Rodin.

Lecture avec grande curiosité des Heures de grand sens du père Anne Marie Carré : « Les êtres humains et la Nature ne sont qu’un gigantesque pliage… la Nature construit en pliant, déploiement de pliages complexes par l’action de la chaleur, passage d’un courant électrique, prendre le pli, donner le pli, l’ADN ce sont des pliages, ailes d’insectes pliées, paraboles, logique des pliages Origami, cosmos, torsions, etc. »

Stendhal ensuite : « Je bénis le ciel de n’être pas savantAssis sous les arbres du Pincio, qui retentissaient du chant des cigales, nous goûtions les délices que nous apportait un petit vent frais venant de la mer. »

Revenons à ce cher Jean Giono : « Je n’aime que les jours de pluie et de brouillard et si je pouvais j’habiterais l’Ecosse, ces jours là je reste en pyjama et je lis un roman policier, je suis alors totalement heureux. »


Modèle

Dessiné ce jour le modèle (elle), stupide et bien gras (lui, le modèle), beaucoup de lard, la séance ne s’avéra pourtant pas si mauvaise. Fort mal déjeuné ensuite de soupe chinoise lyophilisée contenant à peu près tout ce que l’Homme peut découvrir pour fabriquer ces infâmes saloperies, puis de Reblochon pas encore à terme, qui m’est resté sur l’estomac. J’ai très froid aux pieds depuis plusieurs jours sans jamais parvenir à y remédier. Cet après-midi cependant la lecture du curé d’Ars, toujours lui, m’a réjoui un long moment et un peu réchauffé. Le cœur.


Revest

Il fait très froid ce matin sur la place où je lis. Assis devant la fontaine (sans eau) j’observe la façade de l’église léchée par le soleil quand tout à coup je découvre une gigantesque abeille posée sur mon sac. Elle nettoie ses pattes antérieures en oscillant fortement la tête et ne semble pas gênée par ma présence. Je peux donc la photographier à loisir. Le temps que j’écrive ce petit mot la voici maintenant immobile, les ailes sagement réunies comme un avion en attente sur un pont d’envol. Mais elle tressaute soudain, remue la croupe puis semble de nouveau inerte, orientée vers l’ombre elle attend…
La lecture reprend, cela fait un mois que je suis en compagnie de Lucien Leuwen, puis des Promenades dans Rome, presque honteux de pouvoir jouir à satiété de façon aussi simple et si peu coûteuse. Une fois que l’on sécurisé les alentours : pas de scooters, pas de morveux hurleurs et de mères tatouées hurlant dans leurs Smartphones, de jeux de ballon, le bonheur devient illico possible, immense, sans limites.
Beyle est infiniment subtil, truffant ses notes d’allusions, d’ironies, de petits pièges et renvois, semant des petits cailloux, cousant de fil blanc et d’or le fil de sa pensée, toujours guidée par son bon plaisir, et nous rend complice. Une pensée sérieuse, précise et même grave sous un ton désinvolte et léger. Son héros, c'est-à-dire lui-même est un idéaliste, épris d’une recherche active du bonheur. Stendhal a besoin pour cela de défricher, vaincre les leurres, démonter les mécanismes hypocrites. Son bonheur est pureté, c’est un romantique. Sans être dupe de ses propres limites, une passion l’anime. Par un juste retour des choses le lecteur est pris, Stendhal devient le temps de la lecture un saint Jean-Baptiste du bonheur, qui est d’abord celui des choses de l’esprit et du goût, dans un sens très particulier, jamais acquis, quête aussi du style, plus subtile encore. Je suis bien obligé de noter tout cela car Stendhal s’impose comme faiseur de notes, tout comme Jünger, Le Goff, Gilson, Merton, ou Léautaud. De notes et de dessins. Une attitude très démodée, anachronique et jouissive…
Autre auteur tombé en désuétude auprès des Modernes : Giono. Il doit tout à Stendhal, le dit, l’affirme. Et relire Giono en continu au fil des années c’est aussi être heureux.
Le style : voilà l’enjeu.


Vision d’épouvante

Ce que j'ai vu en sortant de chez moi : un asile de fous à ciel ouvert, Individus dans leurs bulles téléphonant leur intimité à voix haute, hurlant aux yeux de tous, fous sans soins quémandant, faibles arborant grotesques des tenues improbables pour se distinguer, chapeau de Napoléon exclu, trop démodé, mais entonnoir sur la tête envisagé, sauvages roulant en tous sens sur les trottoirs avec des airs de ministres, allongés permanents, scooters à échappement libre, vieux penauds rasant les murs, mais je n'ai pas vu un flic. C’est la cour des miracles, sans surveillants ni menaces, chacun est roi, prince, empereur et décide d'emmerder le monde entier au nom de son MOI. Je suis rentré, apeuré.

Mais laissons Léautaud s'exprimer.









Plongée

Lorsque l’on a touché le fond de la piscine dans laquelle l'homme moderne barbote on se sent mieux. Le calme est rétabli, la visibilité est meilleure, et l'on peut voir sous la surface pédaler les canards du PAF, flotter leurs déjections, les détritus en tous genre, les nappes de pognon grignotées par les amibes, ça et là quelques cadavres putrides de hyènes dont les langues roses pendent sur le flot. C'est distrayant, la distraction étant, au tréfonds, le seul hochet de l'homme contemporain. C’est qu’il s'ennuie, son angoisse ne suffit plus à le distraire, il lui faut du nouveau, sans cesse du nouveau, chaque seconde, chaque milliard de seconde du nouveau. Regardant ses pieds sans les voir, assis pour l'éternité il caresse une tablette le visage fermé, comme un ministre de sa propre médiocrité. Il administre, il gère, il trie à l'infini les particules même de son cerveau. La vue d'un nouveau produit  l'attire comme un étron une mouche verte, luisante, aux pattes velues. Il ne résiste pas à l'envie. Larve il est, larve il prie pour que le nouveau soit toujours nouveau.


Terroristes

Vulgaires amateurs, ils s'embourgeoisent, se ramollissent. Depuis leur succès médiatiques récents, avec un tableau de chasse pourtant modeste vu l'ampleur du cheptel, ils boudent les armes à feu et la hache d'incendie, laissent leurs minables charrettes au bas de l'immeuble. Une deuxième couche, mieux tassée, serait pourtant de bon aloi, c'est une image, du délire, et même de la folie, car je suis fou, fou à lier. 
Dans mon quartier il en reste pourtant des paquets d'endives à flinguer sans coup férir, des terrasses entières de demi allongés, tronches en biais, vieux à 20 ans, boudeuses définitives, demi rasés affligés, s'enfilant des plats cuisinés par des esclaves sri-lankais ou pakistanais, mais pas arabes, on ne peut pas être au four et au moulin, en se lamentant du manque de diversité à la télé. Ici, on est dans le 11e arr. de Paris, quartier définitivement conforme à la doxa ambiante,  on vit ensemble, on vit même très bien : les maîtres en terrasse, les esclaves en cuisine et aux poubelles. Comme leurs grands parents, bourgeois collabos pour la plupart. Rien ne change. Jamais.
Les anciens peuples européens qui ont pris un infini plaisir aux délices du masochisme, pour le suicide lent, fascinés par la flagellation, fascination d'ordre érotique, marque d'une décadence lente et d'essence morbide, ont découvert le goût du malheur. Malheur qui les fait pleurnicher avec délectation, verser de pathétiques larmes de crocodiles et fabriquer de jolis nounours en exhibant des visages de Poulbot éplorés à la télé, un malheur ne fait que commencer. Maintenant initiés, leur plaisir pour la soumission ira crescendo. Déjà réduits à l'état d'otages dans leurs rues, leurs transports, où un regard peut déclencher insultes et crachats. La soumission totale à la Loi. La Loi et les coutumes de cultures externes, issues du monde de l'Islam.

Dégradations, vols, agressions ne sont qu'une manière de fatiguer les peuples, de les initier, les habituer. La propagande officielle ne veut pas voir de corrélation entre la délinquance exponentielle et le terrorisme, hors il ne s'agit que d'une seule et même chose. L'Etat, désigne un mal lointain : le Mali, la Syrie, les terroristes –individus isolés. La guerre est ici, elle est culturelle, ce sont des blocs qui s'affrontent. Est-ce que les peuples européens retrouveront leur dignité ? Sauront se faire respecter ? C’est ce dont il s’agit mais les réponses sont là : ces peuples sont en dormition et sont contraints à la soumission.


Suicide

« Avec l'espéranto, il n'y aurait plus rien de fondamental à communiquer. Accéder à l'universel par la suppression des frontières, voilà l'illusion antidialectique, la pire des platitudes, l'hydre moderne à décapiter. Le langage mathématique est une langue sans frontières ni patries, aussi n'a-t-elle strictement rien à dire. »
Régis Debray, Journal d’un petit-bourgeois entre deux feux et quatre murs

Il y a toujours une part de mystère dans un suicide, mystère qui est celui des profondeurs, des abysses de l'âme, du cerveau, de la chimie la plus infime, la plus cosmique d'un être. Les peuples européens veulent mourir. Ca les travaille depuis longtemps. Là, ils ont enfin trouvé la solution finale : on importe ceux qui auront raison de nous, nous qui avons perdu notre raison. La seule inconnue est la suivante : est-ce que la théorie de Dominique Venner, à savoir que les peuples ont en eux des ressources inattendues, la capacité de se réveiller après un long sommeil, ou une longue maladie, est-ce que cette idée, cette théorie (je veux y voir une théorie) se révèlera possible, voire probable pour les européens ?


Cinéma

Putain, le festival de Cannes... Ce  n'est qu'un début, il va falloir se farcir ensuite les millions de fromages en tongs exhibant leurs tatouages, leurs bedaines, leurs os dans le nez, des catogans, le cul à l'air, ou en shorts de fakirs, huileux, graissés à bloc, tartinés, les pétasses hurlant dans leur portables, les morveux-enfants rois hurlant et cassant tout sur leur passage, les BOUM BOUM à longueur de nuit et de journée, les bagnoles à crédit par millions qui fument sous le soleil de plomb, les mégots plantés dans le sable, les capotes collées au bitume, les papiers gras un peu partout, les canettes de bières traînant ça et là, les peaux rougies comme des merguez, la queue dans les boulangeries avec les chiards qui hurlent en vous passant devant et vous bousculant « Papa je veux un gâteau !!! » pendant que la mouquère, le moule, téléphone à un de ses amants restés dealer au pays, les pétarades des scooters échappements libres, et le sourire confit, débonnaire, des flics et gendarmes qui ont ordre de ne relever que les morts.
Une cours de récré anarchique, violente, folle. Sans compter les commentaires aux journaux du 20h, archi bidonnés, authentiques parchemins de la désinformation cathodique, vantant les mérites de telle ou telle plage alors qu'en réalité l'enfer règne partout, et que seul un bunker pourrait vous sauver de ce merdier... Ce qu'ils appellent les « vacances ».


L’aventure

Je suis sorti au bas de ma rue, craintif. Slalomant ensuite entre les merdes de chiens, les tags, les poubelles, les encombrants, les vélos tombés ça et là, les scooters mal garés, les détritus en plastique jonchant le sol graisseux de frites écrasées, les canettes de bières posées un peu partout comme des ornements, et évitant d'un pas alerte les connasses hurlant dans leur Smartphones et les demi-sels en Harley, j'ai heureusement enjambé une famille de rom allongés perpendiculairement au trottoir et évité de justesse le crime contre l'humanité, puis, un peu renfrogné, j'ai décidé d'affronter la boulangerie lounge tendance et demandé une demie baguette à la préposée à la caisse, qui me la refilée sans bonjour ni merci en continuant à bavarder avec les autres boboïdes arborant des airs de princesses en exil. Puis je suis rentré chez moi en pressant le pas afin de garder mes distances envers les rollers faisant un bruit de Concorde au décollage, les skateboards fonçant sur les trottoirs en visant les mémés, les cardiaques, tout ce qui peut être paisible, mais surtout les vélos roulant en tout sens aussi sur les trottoirs, dans un chaos à peu près total. Des jeunes finissaient de vomir sous les applaudissements et les hurlements. Je n'aurais pas dû sortir.
Au fond le bonheur ce n'est pas sorcier, et ça ne tient qu'à un fil. Un alpaga pour l'été, un tweed pour l'hiver et une Jaguar pour aller faire le marché...


Pastiche

Fatigué par sa mission en métropole où il avait échappé de justesse à une mort horrible, l'agent X19-4762E prenait enfin quelques instants de détente dans le vol 519 vers le Caire qui l'emmènerait ensuite vers la base arrière de nos positions de Sidi ben Tapafermélgaz à quelques encablures de la Khyber Pass. Ayant laissé son costume en alpaga au Méridien et opté pour une tenue sportswear plus discrète, son regard tomba soudain sur la croupe volumineuse d'une l'hôtesse d'un blond platiné et aux quelques tâches de rousseur sur un visage en amande. Après avoir dégusté un Comte de Champagne Taittinger rosé millésimé servi dans du Baccarat haute époque, son esprit s'évadait vers la gentilhommière du Périgord seul joyaux familial qui lui restait après 2 Empires et pas mal de rappels d'imposition. Son pistolet ultra plat voyageant par la valise diplomatique et un gilet en Kevlar lui seraient bien utiles dans les prochains rebondissements de l'affaire Ben Moktar, un agent triple racheté récemment à prix d'or par la Piscine...
Trêve de plaisanterie, la jeunesse, y compris celle de notre agent X19-4762E, c’est courir après les lapins, brouter les fleurs, jouer. L’âge venant on découvre une voie lactée : nos morts brillent, d’autres luisent doucement dans le souvenir, on ne s’ennuie pas, la vie intérieure tient lieu de jardin, et l’on rêve.


Colle

Le problème (il y en a plusieurs) avec la chaleur c'est que les flaques de bière et de vomi et les frites écrasées collent davantage, cramoisis par les rayons terribles du soleil et la température ambiante. De même pour la pisse qui s'est agglutinée par cristaux superposés dans tous les recoins, exhalant encore plus ses suffocants relents d'ammoniaque. Bien entendu les merdes de chiens, aux formes très Art contemporain prennent des reliefs de pyramides maçonnico-égyptoïdes et dégagent une pestilence enfin libérée, après la terrible oppression des boyaux de ces saucisses à mémères et bobos mal rasés. Mais était-il indispensable de le rappeler ? Je le crois. Oh, je comprends cependant qu'il est nécessaire pour la mairie d'acheter la paix sociale en fermant les yeux sur le chaos, ce n'est pas difficile de voir cela, mais il y a aussi la dimension visuelle et sonore. Il faut s'y arrêter un instant. Avec la chaleur la vue se trouble un peu parfois, cela est du à la fatigue et à la lumière éblouissante qui ne laisse aucune chance, aucun abris, à ces instants là (qui durent des heures avant la nuit) les pétasses hurlantes dans leurs Smartphones et les petites ordures sur skateboards faisant un bruit de Concorde au décollage sont encore plus difficiles à supporter, leur laideur, frappante en milieu tempéré, devient atroce, comme dans un Cri d'Edward Munch. Mais cette laideur s'intensifie encore avec le vacarme (il vous crucifie) issu de la circulation anarchique à Paris (il n'y a plus de flics), des scooters et motos aux échappements hors la loi, à la fois défis et menaces contre le bon sens mais expression du « Je vous emmerde » généralisé enseigné dans nos écoles : « Je fais ce que je veux, car je suis le roi ». Tout cela fait que la chaleur, tant vantée à longueur de pubs rutilantes et séduisantes, où des corps allongés paisibles dans un calme souverain suçotent des drinks colorés sur fond azur, et bien cette sacré foutue sainte chaleur de mes deux est en fait une belle saloperie qui a pour but de révéler à la fin l'objet véritable de cet exposé : nous sommes en enfer.
Pour faire passer un message il est nécessaire d'utiliser les armes de la propagande : taper fort, juste, au centre. D'où mes propos volontairement outranciers.


Nos moutons

Nous vivons la fin du goût. Les musées-tiroirs caisse utilisent de façon hypocrite le mythe de l'éducation des foules cher à la gauche, désormais alliée du monde l'argent, pour faire des entrées. Inversion des valeurs et mensonges chers à la gauche, grande prêtresse de la culture : le lieu des beautés d’autrefois devient par basculement le lieu des horreurs, de la puanteur et de l’absurde. J'ai photographié l'état des toilettes du Louvre, le cache par délicatesse, sans pouvoir enregistrer l'odeur épouvantable qui y règne malgré les efforts louables des esclaves d'origine africaine, des femmes, qui nettoient pauvres Sisyphe des locaux trop exigus, sans juguler la file des touristes et leurs visages dépités par cette promiscuité inversement proportionnelle au prix du billet d'entrée. Le papier glacé des magazines de propagande officielle qui se vantent du nombre d'entrées oublie de dire la vérité sur ces espaces publics, ils sont un scandale, un poumon fait de miasmes et d’ordure. Pyramide rutilante où il fait une chaleur intenable l'été transformant le Louvre en carrefour de Métropolitain, nourriture hors de prix et cravates ad hoc à l'effigie de la Joconde, ne parviennent pas à masquer la réalité, autrement dit une infection par la vue, l’odorat, le vacarme. Voyageons et comparons : la France ne sait pas créer des toilettes vastes, aérées, permettant au nombre considérable de visiteurs de vivre dignement. L’habitué des musées d'Europe, et des musées parisiens décernera une médaille de la saleté et de l'incompétence aux musées Français, en bonne place sur le podium. Force est d'en trouver quelques uns sortant du lot, certes, mais la majorité est en dessous de tout. Venu à Marmottant pour tenter d’y voir quelques Corot je n'ai vu qu'une foule de veaux demi impotents plantés en grappe devant les œuvres : il y a un langage du corps chez le regardeur, ce langage est explicite, dans un groupe il l’est davantage encore. Je suis parti au bout de quelques minutes, excédé, et les toilettes sont conformes à ma description, il est indispensable de les visiter. 
Idem au Jeu de Paume, où elles sont situées dans des cagibis sans air, sentant la javel, pour rester poli. La Suisse mérite le pompon, on pourrait y déjeuner et y bavarder sans difficulté, l'Espagne pourtant de mauvaise réputation a su souvent désormais créer des espaces dignes de ce nom. La liste est longue. La France est championne de la façade, alors que l'arrière boutique est dégueulasse... En conclusion : l'amateur sincère et passionné est chassé des lieux de prétendue culture. A mes yeux ils ne sont plus que les temples de la vulgarité ne serait-ce que pour cette volonté effrénée de faire du chiffre.


SAVOIA ! 

REGIMENTS DE FAKIRS AUX EXECRABLES REJETONS INGRATITUDE RECURRENTE DES RATS D’EGOUTS MYSTIQUE ACIDE DU TIROIR CAISSE CORROSIVE LASSITUDE DE LA DESOLATION CUISTRERIES CONFONDANTES DES AMUSEURS CATHODIQUES LITANIES DISSONANTES DES DECHETS SONORES DE CES SALOPERIES DE PORTABLES MONOLOGUES URBAINS AUX YEUX DE POISSONS MORTS GALLACTIQUE NULLITE D’INTIMITES DEVOILEES PAR DES VOIX GUTTURALES CES « T’ES OU ? » QUI RAISONNENT JUSQU’AU FOND DE L’UNIVERS ALI BOBO ET LES QUARANTE NIQUEURS DERISOIRES RAGOÛTS POUR COHORTES AHURIES PATHETIQUE ZOO DE ZORROS DE CARNAVAL ABSENCE FLAGRANTE DE TOUTE VELLEITE DE REVOLTE INSONDABLES ABYSSES DU FUTUR TOTALITAIRE LANCINANTES BILLEVESEES SUSURREES PAR DES LEGIONS DE PALTOQUETS AIGUË PRESENCE DU VIDE LAMENTABLE DOCILITE DES FROMAGES REPUS BARATIN DES PLEUREUSES PROFESSIONNELLES GROTESQUES LATRINES DES OFFICINES DU RENONCEMENT BLUFFANT CONFORT DE LA RESIGNATION ASSUMEE DEBONAIRE IMBECILITE DES MICRO TROTTOIRS TERRIBLE CRETINERIE DE LA DOXA AMBIANTE PATHETIQUE PANTOMIME DES GRATTEURS DE PUS EPOUVANTABLE OBSCENITE DE LA VICTIMISATION GENERALISEE CONSTERNANTES CRECELLES DE L'INFO EN CONTINU LA POPULATION CROÎT MAIS NE CROIT PLUS LAISSER POURRIR LES VIEUX, UN PROGRES CONSIDERABLE CUISINE TENDANCE : UNE GICLEE DE MERDE SUR LE BORD DE l'ASSIETTE LES BRETONS AVEC LEURS CHAPEAUX RONDS, C'ETAIT NAUSEABOND LES NOEUDS DES ALSACIENNES C'ETAIT RINGARD LES SURVETS C'EST MIEUX PARTEZ EN FUMEE ET NE FAITES PAS CHIER DROIT DU SOL ET CREMATION TOUS CES MONUMENTS AUX MORTS CA FAIT PASSEISTE SOYEZ CREATIFS : CASQUEZ COSTARDS CINTRES RAS DU CUL ET TRONCHE EN BIAIS BUVEZ DES ANTI-OCCIDENT UNE BELLE RACAILLE BIEN GAULEE ON NE CRACHE PAS DESSUS VA NIQUER TA MERE IL FAUT VIVRE AVEC SON TEMPS DU WHIST AU TWIST PUIS AU TWITT ON VIENT DE RETROUVER UN TIBIA DE SAINTE NITOUCHE HERBIVORE UNISEXE MELPOMENE SE PARFUME A L'HELIOTROPE UNE NOUVELLE HUMANITE EPANOUIE, HEUREUSE, PERFORMANTE, ET IMMORTELLE EN FAISANT DE LA LUGE SUR LES MERDES DE CHIENS ET LES IMMONDICES, PENSEZ A L'AVENIR BONNE NUIT LES PETITS LE MARCHAND DE COKE VA PASSER NOUS AVONS LES MOYENS DE VOUS LA BOUCLER TOUS CES REBELLES LA MAIN SUR LA COUTURE DU JEAN TROUE LE GRAND ORIENT A PERDU LE NORD, IL EST A L'OUEST CHACUN CHEZ SOI ET LES MOUTONS SERONT BIEN EGORGES ON VIENT D'IDENTIFIER LE GÊNE DE LA SOUMISSION HORREUR : LES NOIRS MANGENT DES ESKIMAUS


Louis XIV

L'enfer moderne. Cadences, fragrances, pestilences et flatulences. Un vrai Barnum. Le promène couillons. La crécelle magique. Le Louvre ! Ou comment vendre à des millions de chinetoques et d'enturbannés confortables de la bouffe médiocre sous cellophane pour ensuite se farcir la Djokond, Djonkonda, Rogonde, Chôgondeu, etc.
Un clic et on se barre en meute dans une enfilade de couloirs surpeuplés puants d'un air vicié jusqu'au vomissement par l'haleine de centaines de badauds qui chiquent, gueulent, pètent, hurlent, téléphonent, se courent après, mangent, mâchent des saloperies, font des selfie, se vautrent, hurlent de rire, le tout dans un vacarme assourdissant, pour arriver devant une masse humaine vociférante, une mer de cheveux (sombres en majorité) d'où émerge une forme blanchâtre : The Bénus of Mîîlô, Bénus Mlo, Bénoussa dé Milosse, etc.
Masse réunie en queue devant les toilettes surpeuplées, suffocantes, où œuvrent désabusées des préposées au nettoyage noires en blouses bleus ou vertes, maniant des seaux de plastique, les poches pleines de produits détergents, frôlées bousculées par la masse continue venue vider ses entrailles. Toilettes jamais propres malgré les louables efforts de ces modernes esclaves africaines, leur digne résignation ne faisant pas le poids devant les prospectus rutilants : LE LOUVRE, ses ors, ses chefs d'œuvre.
Résignation impuissante face à la sauvagerie, la monstruosité de cette masse humaine déchaînée, décidée à en découdre, à se le farcir son Louvre, pour lequel elle a casqué, au prix fort. Une masse identique de gardiens et gardiennes provenant de Tombouctou, du Kamtchatka, et même de la planète Mars, parfaite image du Frankistan moderne. Suffocation, vacarme, vulgarité à couper au couteau, en tranche, à empiler, et à revendre à cette masse, régurgitant à l'infini les mêmes selfie, aux mêmes renvois d'œsophage, se faisant entuber à loisir par les voleurs en vol planés dans ce cloaque, pour finir épuisés dans des hôtels improbables.



Banalités
 
Les Etats-Unis et l’Union Soviétique, disparue depuis, ont gagné la guerre. Cela suffirait à expliquer tout ce qui en a découlé. Léo Castelli, membre de l’OSS, ancêtre de la CIA n’a pas chômé pendant les années de guerre. Arrivé chez Drouin il était armé, c’était déjà une épée. Une redoutable intelligence




L’Ecole de Paris devra bientôt s’incliner devant le second débarquement américain destiné à contrecarrer l’hégémonie soviétique sur la Culture, sur les cerveaux, à peu près toute l’intelligensia européenne étant acquises aux idées communistes ou dans cette mouvance. Non seulement les cimaises n’ont pas échappé à la Guerre Froide mais elles furent un de ses théâtres.


L’opération a réussi : c’est à force de dollars et de manœuvres diverses dans lesquelles la CIA était aux premiers rangs que l’Oncle Sam et son Pop Art a débarqué en vainqueur à Venise en 1964. L'époque était féroce, le Congres for Cultural Freedom (Berlin 1950) marque un premier pas, important, pour récupérer quelques intellectuels. Le terme de Modern Art Weapon devient actif, le NEA (National Endowment for the Arts) La suite on la connait. Inutile d’entrer dans les détails, il suffit pour cela d’avoir accès aux références en ligne et sa foison de documents.

Post Human : l’exposition de Pully-Lausanne en 1992 a jeté à son tour les bases de la période dont sommes toujours les débiteurs. Le corps, l’humain, les technologies.
Commence alors la période où je décroche volontairement, tout en poursuivant activités et observations de ce que l’on nomme l’Art contemporain. La terminologie elle même est suspecte car elle ressemble à un label, et un peu à un contresens, impliquant une logique et une évolution dans l’Histoire de l’Art, ce qui est lion d’être certain.
Ces dernières années ont donc été l’occasion non pas d’un retour à un passé radieux auquel je ne crois pas non plus. ll y a permanence à mes yeux, intemporalité de l’Art. C’est succinct voire banal mais cela a du sens.
André Malraux, vieil escroc délirant débordant de génie ne s’y était pas trompé.

D’où mes parcours remontant le temps non pas pour refuser le réel, le présent, mais pour retrouver un peu d’eau, car la piscine actuelle est à quasiment à sec. Chaque époque a ses ouvertures, ses ralentissements, ses impasses. C’est ainsi. Les polémiques sont elles-mêmes impuissantes à résoudre ce qui est un fait, un état : le manque de recul.

Bref : je me suis bien régalé avec les italiens !!! Le cinéma et la peinture italienne du XXe siècle est inénarrable, irréductible, n’en déplaise aux historiens obsédés par les dates, les étiquettes, les explications, etc.

De Carrà à Fontana, Magnelli, Savinio, Severini, puis à la ribambelle d’artistes de la période dite fasciste. Oh ! Certes ils se sont pris aussi le choc des grandes puissances en pleine poire, c’est certain, mais il y a chez eux un je-ne-sais-quoi qui échappera toujours, Manzoni n’a pas son égal ici, ni en Amérique, de même pour la figuration italienne des années 30-40, et il me semble que les français n’y connaissent rien, que cela ne les intéresse guère. Le Français est rationnel, cartésien, et Duchampien de façon assez puérile, conformiste, voire totalitaire. Ca le regarde. Je prends ma BMW K100… et je me casse en Italie me pourlécher des restes du XXe siècle… faute de mieux. Mais la soupe est bonne, tant et tant de vestiges, tant de beauté à ciel ouvert. Il est difficile d’agir de même en France, le choc de l’arrivée des américains a été terrible dans les musées de province autant qu’à Paris. Quelques Bryen, un petit Charchoune, un Debré, mais le rouleau compresseur est là : on passe illico à Peter Halley, que j’apprécie au demeurant. Ou bien sûr aux casseroles Duchampiennes sur lesquelles il vaut mieux ne pas s’attarder…

Ce qui n’a rien changé à cette situation mais apporté des torrents d’eau fraîche à mon esprit fatigué, loin des cloaques et des remugles abscons, des plaies grattées jusqu’à l’infection, c’est l’Art roman, allié à la lecture des pères (et docteurs) de l’Eglise et l’approfondissement des textes. « Cela a du sens » comme disait ma grand-mère. 

Un socle ou s’asseoir pour travailler, une roche battue par le flot au milieu d’une oasis, d’une piscine au son mélodieux. Bref tout ce qui est interdit par la doxa ambiante, semble passéiste, absurde après la mort de Dieu et l’aspect que l’on voudrait définitif des tronches en biais des nouveaux esclaves-zombies que sont souvent nos contemporains. 

La mort de Dieu n’est pas un principe absolu, aucun passé n’est dépassé, le sens est partout, souvent en jachère, en sommeil. Il y a du pain sur la planche, comme dirait Jean Laplanche.
Si un Jünger, un Verlaine (etc.) viennent au catholicisme à la fin d’un extraordinaire parcours intellectuel et des vies ayant tout tenté, tout vu (ou presque), si un Einstein s’en rapproche, pourquoi m’en écarter ? 

Je me sens mieux dans la fraîcheur de Sant' Ambroggio à Milan que dans un couloir de l’ARC, l’esprit y baigne au moins dans un peu de fraîcheur, les remugles, les haleines moins nombreuses y sont moins fétides, les sons mieux répartis, les ombres plus éloquentes, les rais de lumière prennent d’autres sens, etc.

Et puis faute d’être exhaustif, personne n’ayant le mot de la fin, comment résumer des années d’errances, de doutes, de lectures, c’est que je suis bien fatigué, l’esprit davantage encore que les jambes. 

Poésie, littérature, histoire chrétienne, retraites chez les Bénédictins n’ont d’autre effet que celui de devoir continuer la route, coûte que coûte.



Terrier
 
Ce matin, dans un demi sommeil, j'étais un petit lapin. Oui. J'étais bien dans mon terrier, il ne faisait ni trop chaud ni trop froid, j'étais très bien. Puis le jour naissant j'ai éprouvé le besoin de voir le monde, et de sortir. Prudent, très prudent j'ai d'abord pointé mon museau et mes moustaches hors du terrier, en glissant un oeil quand même. J'ai reniflé l'air du matin en agitant mon petit nez pour mieux respirer, et au moment où je sortais une oreille (elles sont grandes mes oreilles), enfin sécurisé et décidé à me dégourdir les pattes et aussi trouver une lapine pour lui mettre une bonne cartouche dans les miches, à cet instant là PAF ! un connard est passé, tatoué, et hurlant dans son téléphone. Je suis rentré aussitôt au fond de mon terrier, dans le silence, chez moi.


2019

2019 sera pire, certes notre Charles De Gaulle dessinera encore de jolis sillons sur les flots méditerranéens, lâchant ça et là quelques Rafales comme de charmantes libellules pour surveiller et parfois détruire quelques points sensibles, de façon extrêêêmement chirurgicale, faisant la guerre sans tuer personne à part quelques méchants, comme il se doit désormais où le combat, les armes, sont des outils humanitaires. Certes nos villes seront encore de merveilleux espaces de convivialité, de partage des cultures, d'échanges chaleureux entre communautés de toutes les couleurs, dans une eucharistie maçonnique universaliste rayonnante, une sorte de publicité pour le feu Benetton. Certes il y aura quelques méchants parmi tous ces braves gens venus nous enrichir culturellement, notre culture étant basée comme chacun sait sur l'esprit de bazar, de souk, depuis toujours, quelques méchants donc, égorgeant, fusillant ça et là quelques passants, mais c'est le prix à payer après tout car nous avons été si méchants autrefois avec tous ces gentils et adorables personnages si exotiques, apportant un souffle de renouveau et de vie à nos campagnes si repliées sur elles-mêmes, si rances, si vieilles, si décaties... Certes, l'enfant roi aura toujours plus, plus de liberté, car on a jamais assez de liberté, la liberté c'est infini, c'est un monde radieux sans horizon, sans tâche, où l'innocence rivalise avec une forme de sainteté : je suis libre, totalement libre, etc. Certes il pleuvra certains jours, mais la Lumière Républicaine sera toujours comme le phare d'Alexandrie illuminant les flots à l'infini, la Démocratie libérale sera l'absolu, la Vérité révélée, le dogme insurmontable, le temple du savoir et du bonheur universel, poussé en avant par le Progrès et le génie humain. Certes quelques ignorants, superstitieux, "originaux" auront encore recours à de vieilles croyances, comme les catholiques, un peu débiles, mais nous les tolèreront, car il faut respecter ces sortes de clubs de thérapie de groupe que sont les vieilles religions, dans nos Loges Républicaines, nous, nous savons comment gérer ces vieilles lunes, et cela ne gênera en rien l'avancée inéluctable vers le Progrès Humain, l'émancipation de toutes les contingences, la Liberté absolue, vers la Lumière Universelle, qui est la proue, le moteur atomique de nos institutions. Et bien tonton Didier vous le dit en vérité : malgré toutes ces conneries 2019 sera pire.



Macronie


Le fort en thème écrasant des fromages rondouillards, c'est du Daumier : pathétique, épouvantable si l'on considère en effet la seule personne vraiment authentique (Madame Barèges), s'excusant presque d'être là et de ne pas hurler avec ces loups châtrés enturbannés par l'éphèbe de Pâris, celui des grandes écoles, celui dont tu a oublié la question que tu avais posée (devenue depuis dérisoire et inutile) après qu'il t'ai répondu pendant 20 minutes, le torse bombé, fier, content, alors que le voisin commence à s'assoupir en bavant un peu sur son écharpe à la con, la voisine à lâcher en sourdine une Louise aux sardines macérées à Céret, celui "des grandes écoles de Pâris", celui qui calcule les azimuts, la courbe des obus, la taille des carottes, la retraite des vieux, mais qui se trompe en permanence, celui qui ne comprendra jamais rien, celui qui disparaitra sans laisser d'adresse...






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