CARNETS 2007-09


 Le Blue Night   A point nommé   La comète   Le cartel   Le petit matin   Les Primitifs   L’artiste, un temps d’avance   En fin de compte   Les vacances de Tonton-Raymond-le-petit-porte-clefs   Jardin à Paradiso   L’Art frileux




Le Blue Night

Ah ! L’atelier de Rubens je connais ! C'est un peu l'idéal, voire un aperçu de la perfection. 
D'ailleurs Rubens était, et de très loin, le peintre préféré de Cézanne...

Je n’ai pas les yeux en face des trous : l'espagnole veut ma peau. Hier soir c'était phénoménal ! J'aurai dû tout filmer pour ne pas en perdre une goutte ! Elle m'a invité au restau !
On est arrivés dans un vieille Citroën pourrie (du Marielle !!!) "qu'on lui a prêtée car elle a eu un accident de voiture", coincée par un poids lourd contre un rail en alu de la bretelle Hyères Toulon, et moi je crois que l'on va dans un vrai restau quoi, quoique j'aurai dû me méfier car elle m'avait dit : «C'est un Japonais, Français, enfin, euh, je crois...» , mais non, mais non, on arrive vers Leroy Merlin et le Printemps en pleine zone industrielle et de grandes surfaces, et le restau était au bord de l'autoroute, dans le vrombissement des bagnoles, sous le Coudon, une baraque énorme, genre cubiste, entre un Saint Maclou et un vendeur de clim’, peint en ocre avec des néons partout qui clignotaient, des faux palmiers, des accessoires en tout genre mélangeant tous les styles, un peu d’araboïde bon marché, un peu d'espagnol approximatif, un peu de chinois, un Bouddha doré en entrant (il y a beaucoup de bouddhistes aujourd'hui), un faux plancher façon Voile rouge, mais tout, absolument tout en toc, acheté dans les grandes surfaces juste à côté, des rideaux en nylon mauve (ça brûle bien ça) et des pseudo paysages de Chine encadrés avec du bambou en plastique !
  
Mais ce n'est pas tout. Loin de là ! Que des têtes !!! Des mecs tartinés de gel, aux chaussures carrées ou hyper pointues, à chemises cintrées et jean troués (que des marques !), dont une table inénarrable de 6 pédoques qui étaient le lait condensé de tout ça en hyperréalisme, et un panel de pétasses boudinées, habillées toutes pareil, mais avec en plus la gueule fardée à bloc, crémeuses, avec des parfums à la vanille mélangés à de l'insecticide pour tuer les amibes, le tout puant vaguement les pieds, la javel, et une odeur indéfinissable qui planait, mélange de daube provençale, de nems avariés et d'œufs pourris, nappés dans un voile de fumée provenant du Grill à volonté affichant du steak de requin, du panga, de la côte de bœuf, des gambas, de l'espadon, une fumée grasse à souhait...

Conchita, ravie, me demande : «Tu aimes ???» Et moi je réponds : «Oô, oui, beaucoup !... » On fait alors un tour et je m'aperçois qu'en fait c'est un self-service où l'odeur prédomine : un mélange de tout, des sushis douteux, sans forme, même pas bien imités, du gras double, de la pælla, du cassoulet toulousaing, des nems en pyramides, des loukoums, du couscous japonais, du bœuf en daube aux pruneaux d'Ageng, des salades mexicaines, du chinetoque en-veux-tu-en-voilà 
Retenant une envie de gerber et de me trisser fissa, le sourire bien faux, je décide, très courageux, d'aller demander notre réservation : on est reçus comme des princes, vu qu’elle connaît un des six associés !!! C'est là que tout a basculé.

A la table voisine se trouvent des soixantenaires bien tassés, bien gras, parlant fort, rien que du graveleux, dont un, une véritable icône, avec catogan grisonnant, bijoux, et une gueule de western spaghetti, un peu bouffi, mais persuadé de son pouvoir immense, sûr de lui, rayonnant, sans doute à cause du catogan. Le meilleur (on a choisi d'aller se servir au buffet, où je n'ai pris que des nems hyper cuits rapport aux amibes), c'est quand au milieu du repas, le un des six patrons est arrivé, gentil, royal, couvert de bijoux à base de colliers et de bracelets, copies de ceux que portent les stars du show-biz dans les magazines, et surjouant le côté : « Vous êtes chez moi, je fais un gros chiffre, pour nous inviter à boire un verre avec lui au bar ! »

Puis ce fut un des sommets de la soirée. J'ai oublié cher lecteur de préciser que le personnel était constitué pour l’essentiel de pédés inachevés tartinés de gel et de jeunes commis boutonneux, avec des chemises noires façon cartel de Medellin et d'énormes cravates roses !

Le bouquet : le mec, hyper gentil, se met à bavarder avec Conchita, mais ça dure une demi-heure ! Tout y est passé ! La baraque presque finie de 150 m2 avec 3000 m2 de terrain autour entre Darty et Carrefour, avec piscine, "mais les salles de bain sont ratées avec les chiottes au milieu", puis la sortie à Monaco avec les six associés pour jouer au Casino (Sic) : « A 1600 euros j'ai arrêté, j'allais y laisser ma chemise, par contre un soir à Bandol avec ma femme, j'ai pris un jeton de 50 euros et à la roulette il me sort 400 euros !!! Du coup avec ma femme on est allés au restau !!! Mais alors que des fous dans ces Casinos, et les mémés… elles y vont... aux machines à sous ! On fait les sushis juste à côté, ça marche bien et on va ouvrir plus grand, on en connaît qui se sont plantés, par manque de goût dans la déco... »

Pensant à mon steak de requin, je regarde la nuée de petits pédés s'agiter et une queue énorme devant le grill enfumé, bien tassés pour pas qu'on passe devant, des pétasses en surpoids carabiné, vrais mous et demi durs parfumés aux mines sérieuses et graves... Pendant qu'ils jasent : « Et ton salon de coiffure il marche bieng ??? », je sens tout à coup une odeur de merde qui monte des entrailles du bâtiment et j'esquisse un sourire en coin avec la tarlouze qui tient le bar et me répond d'un clin d'œil gourmand : "sans doute une canalisation mal maîtrisée". Du banal, de l'exotique quoi... Le six associés, qui lui a remarqué l'odeur, ne moufte rien, en sur contrôle, et renchérit avec hilarité : « On fait du chiffre... »

Un détail essentiel que j'ai bien failli oublier : le loufiat boutonneux qui nous a servi avait le cheveux gras, et surtout, surtout (c'est ça qui m'a frappé), il avait une cravate nouée beaucoup trop court, qui avait trempé dans toutes les sauces et frotté tous les plats, y compris les huisseries de porte des cabinets chargées de bacilles, on aurait dit un vrai petit Pollock, c'était fascinant, et ça ne l'empêchait pas du tout de continuer à nous servir avec une prévenance touchante et une grande gentillesse de propos, mais moi, je regardais la cravate tâchée qui faisait un mouvement pendulaire devant mes yeux incrédules.



Enfin, c'est Conchita qui a casqué. Mais avant de partir, le loufiat à la caisse, façon « grand restaurant » nous dit : « Ne partez pas, le patron va descendre... »
Putaingue... 

Moi, à cette heure là (il est 23h pile poil), épuisé par leur conversation, laminé, à deux doigts de la perte d'identité, je commence à tourner de l'œil, je vois mon plumard et mes bonbons Ricola s'éloigner comme dans un rêve, et là : PAF ! Elle me sort, gourmande, romantique à souhait : « Mes copines sont au Blue Night, une boite de salsa qui fait aussi billard, à La Capte, on pourrait aller les rejoindre, non ??? » L'estocade, le final quoi... Alors je fais : « Oh oui, pourquoi pas, je ne suis pas trop du soir moi, mais… hum… pourquoi pas ? »  

Sur ce le mec (un des sept patrons) arrive, transpirant, les colliers flottant sur quelques poils arborés avec fierté, le côté : « On est à La Garde à côté de Leroy Merlin mais en fait on est en transit pour Megève, ça ne saurait tarder », pour nous demander : « Çà vous a plu ????????? » avec un sourire jovial, sincère, et je réponds : « Oui, beaucoup ! » Sur ce, encore, il embraye et me demande, d'homme à homme : « Mais vous, vous faites quoi ? » Moi, tranquille, je fais : « Je fais de la peinture et de la photographie, des choses très belles, j'expose dans le monde entier... » Là, je le sens satisfait (Conchita est au top), réponse : « Ah un créateur, c'est formidable... » Rideau.

Nous tournons les talons, on remarche sur le faux plancher en faux teck mal ajusté et je me demande dans le roulis si je vais pas gerber ma demi-boutanche de Côte de Provence, mais ça passe juste et j'aperçois avant de retrouver les néons clignotant sur toute la façade et les faux palmiers un groupe d'impétrants qui attend patiemment de pouvoir entrer dans le saint des saints, l'œil timide, assis sur des poufs marocains ou javanais, je sais plus.
Conchita me dit, dans le vrombissement infernal de l'autoroute : « On marche un peu ou on y va direct ? » Je réponds illico : « Je préfère y aller direct. »
Arrivés devant la Citroën qui fut rouge, bourrée de plastiques, on s'installe, et elle me dit : « Tiens, ya un phare qui ne fonctionne pas », et effectivement, je constate que le mur des tapis Saint Maclou n’est illuminé qu'à moitié, alors on ressort, et là, tranquille, elle donne un grand coup de poing dans le phare et remonte fissa dans l'immense Citroën qui roucoule en remontant du nez (la célèbre suspension Citroën) en disant : « Çà devait être un faux contact... »
Moi, en regardant le panneau Hyères par autoroute comparé avec le cadran lumineux de ma montre MWC (achetée sur Internet aux Etats-Unis) qui marque 23h30 je suis comme anéanti. Normalement, je me couche à 9h, avec boules Quiès, masque pour les yeux, bonbons et Monsieur Suzuki prend le maquis (au Fleuve Noir). Mais Tintin !

Après tout bascule dans le rêve... On flotte sur la suspension Citroën jusqu'au panneau La Capte après avoir dépassé des palmiers, un grand karting avec des engins qui tournent, des marécages, et on parle de Charles Bronson et Marlène Jobert dans Le passager de la pluie...

Le meilleur aura été l'arrivée au Blue Night : des baraques en parpaings, sans étages, avec des canisses poussiéreux, un ancien néon des années 60 marqué Bowling qui fonctionne encore, et une entrée patibulaire, où après une chicane de sous-sol d'hôpital Congolais on pénètre dans une explosion de musique techno, une apothéose de décibels, et un mélange de jeunes et de demi vieux qui transpirent en regardant à droite et à gauche en cadence ! Je vacille, puis, courageux, me reprends, avec une voix intérieure qui me dit : « Comme Mimmo Rotella, il faut assurer en toute circonstance, sans broncher. »

Nous nous frayons un chemin dans les odeurs d'aisselles et de transpiration teintées d'hormones femelles, mon cerveau reptilien essayant de faire le tri avec les odeurs de pieds des mâles en tee-shirts moulés, et on plonge au cœur de l'enfer, le centre cosmique de la piste endiablée où les copines de Conchita balancent le bras droit puis le bras gauche en cadence réglée : c'est le sommet, l'amant démoniaque dont la réputation est établie (un bon coup) est exhibé, bises, sourires entendus et on va s'asseoir sur des poufs en velours synthétique au milieu de la cohue où j'esquive au dernier moment plusieurs moulinets incontrôlés façon Aldo Maccione dans Pizzaïolo et Mozzarel à l'heure du coup de chauffe.

Sur le pouf, bien affalé, ma voix intérieure me dit : « C'est bon, ouf... » Ma santé mentale, elle, est bien entamée devant le spectacle et je me rends compte avec un mélange de tristesse et de joie salace (la fatigue) que je préfère mille fois Zora, au jambes interminables, son petit minois mignon et sa naïveté touchante, à Conchita, une question de carrosserie, le truc bête mais lancinant, la tragédie sournoise, le pathétique à portée de mains, mais ma voix intérieure s'est tue, la sono m'a laminé comme le bruit infernal des tirs de 155 dans les oreilles d'un Gi assis, groggy, sur la crête de Keh Sanh, qui voit son voisin noir éventré hurler mais ne l'entend plus...
Par bonheur un grand con au visage rubicond et lunettes d'intellectuel arrive pour entraîner Conchita dans une salsa langoureuse. 

Et là, tout se met en place : Zora se pointe et s'assoie à côté de moi et déballe des photos mal cadrées où elle apparaît tour à tour avec Conchita devant un de mes tableaux exposé à Saint-Raphaël, toute contente, en me disant qu'elle ne peux pas danser la salsa car elle a une hernie discale. Que nenni ! D’une voix profonde et caverneuse ajustée sur un timbre dont j'ai le secret, je lui susurre à l'oreille tout de go, en articulant bien car on est derrière d'énormes baffles : « Tu sais Zora, je te trouve très belle, j'avais tellement envie de te le dire... voilà, c'est fait........................ » Alors là, elle baisse les yeux, avec ses longs cils et ses genoux vermeils gentiment serrés l'un contre l'autre rapport aux poufs en faux velours un peu trop bas, et me dit : « Oh ! C'est gentil ça............................... »
Puis c'est un long silence que l'on déguste à l'unisson au milieu du brouhaha...

Je fais quand même très gaffe, le sourire en coin hyper hypocrite, car j'ai détecté la grosse Dominique, carrossée comme un saucisson à l'ail, qui veille au grain juste à côté, comme par un pur hasard, et risque de tout moufter à Conchita dès le lendemain. Une situation plus que normale. Heureusement ! PAF ! Le prof de salsa (un modèle commando à nuque rasée avec un p'tit chapeau noir sur l'oreille), qui a pris les manettes, annonce : « La salsa des filles et des garçons !!! »
A cet instant, ravalant mon bide et rehaussant mon jean sur ma nouvelle chemise Lafuma en textile dernier cri pour la randonnée, je me dresse comme un rhino qui va charger et je m'aligne sur la piste avec les mâles devant une rangée de femelles bien girondes, en prenant soin de me retrouver au premier rang et j'entame une démonstration fabuleuse à base de déhanchements diaboliques comme un guerrier aztèque avant le combat, et je m'engouffre !!!




Les filles rayonnent, on se frôle, les garçons croisent les filles puis repartent en sens inverse pour recommencer le quadrille infernal, au passage, j'en profite pour passer mes pognes de sculpteur sur le ventre rebondi de Conchita qui en redemande, vu que ses copines en salivent en croisant le manège.

A ce moment là; il y a belle alouette que j'ai abandonné toute dignité puisque je suis devenu un night-cluber moyen, à moitié assommé par les décibels et la surenchère d'effets surjoués qu'imposent les circonstances. Je me dis quand même : « Soit c'est le cœur qui lâche en plein paroxysme, soit tu perds ton pantalon (la ceinture a du mal à retenir le bide), soit tu finis dingue mais y’aura une fin, ce n’est pas possible qu'un truc pareil ne finisse pas quand même ! »
La suite se perd dans le classique, le banal. Après avoir tenté de m'auto hypnotiser une fois revenu sur un pouf moite dans la position de Pierre Dac habillé en fakir pour évacuer les vapeurs du Côte de Provence et faire passer le steak de requin surgelé au grill tout en esquissant un p'tit somme avec les yeux grand ouverts sur les copines qui se trémoussent, je reprends la main pour une salsa Paraguayenne avec Conchita sans en faire trop pour ne pas me faire étriper par les caves qui essaient de s'en sortir après 5 ans de cours assidus (j’ai toujours eu des facilités), puis vers 2h, en nage, les yeux révulsés, la mise défaite, je dis, calme, déterminé : « Bon ! Si on rentrait, non ??? » 
  
Conchita, repue, approuve avec quand même au fond de l'œil la petite lueur qui me dit qu'il va falloir passer à l'étape suivante après la parenthèse de l'autoroute et les panneaux Champ de course, La Capte et Toulon par autoroute, mais bon, les fauteuils en feutrine cramoisie de la Citroën seront quand même l'occasion de récupérer quelques neurones dans l'intervalle.

La suite est très conventionnelle et très tarte. La ville la nuit, la tête prise dans un étau, le souffle court, n'osant plus regarder le cadran de la montre MWC, on se fourre au plumard après des bruits de salle de bain, de chasse d'eau, et, et… PAF ! La roucoulade, la salsa des hormones, la toupie congolaise, le marteau Tibétain, et bien sûr, la brouette espagnole ! J'ai failli, une fois de plus, y laisser la santé, assurant quand même une prestation plus qu'honorable (enfin à ce qu'il paraît) façon Bébel dans Le Magnifique, avant d'essayer de fermer l'œil, toujours en nage, pour planer vers l'heure du réveil (el reloy en espagnol) à 7h pile du matin. Arrivé à ce niveau là, il n'y a plus rien à dire. C'est bien simple, j'ai l'impression d'avoir rêvé. Mais non. 


A point nommé

Journal Libération / avril 2007 / Réponse à un article d'Henri François Debailleux : Le nouveau réalisme en manque de mouvement

Cet article arrive à point nommé pour décrire une exposition dont tous ceux qui furent les proches des artistes ne peuvent que sortir attristés, sans joie. Sachant que l'exposition se préparait j'avais imaginé la Garde Républicaine, les honneurs, la façade du Grand Palais et tout l'espace si magnifique de la verrière illuminés. Du panache quoi ! Au lieu de cela on se promène dans des escalators stalinoïdes en mal de réfection et une expo pour mémés qui n'auraient jamais entendu parler des bêtes curieuses qui constituaient le groupe. Oui, on est attristé... Et c'est bien de l'avoir expliqué dans cet article, il fallait le dire. Une grande tristesse...


La comète...

En sortant du fast-food chinois, passablement chargé de raviolis douteux, avec des chaussures de scaphandrier et une casquette comac, je sentais bien que quelque chose ne tournait pas rond dans tout ça...
Je dépasse le distributeur de billets du Crédit Agricole qui ne fonctionne que rarement pour moi dans le fracas assourdissant des autobus tout en faisant bien attention de ne pas marcher sur le comédien roumain tendant la main devant la boutique de stylos MontBlanc, et je décide de virer dans la descente vers l'Opéra. Là, tout s'accélère, sentant le roussi et la foirade imminente, je sors mon Figaro et m'assoie fissa sous la véranda High-Tech du Bar de l'Opéra fréquenté à cette heure-ci par une flopée de tatanes à bouts carrés et de vendeuses tatouées, commande un café dans la foulée, sérieux, puis d'un pas incertain je me boucle dans les toilettes High-tech (aussi) à côté du comptoir dessiné par un Starck provincial.
A peine ai-je le temps de baisser mes braies de velours Au laboureur frankistanais que j'envoie une de ces fusées !!! Tout en diagonale ! Un vrai Pollock (encore lui) ! Saisissant l’intérêt de la situation je sors en un éclair mon Canon IXUS du fond de ma poche et la goutte au cul, les reins cassés vu la position, dans un mouvement de torsion hélicoïdale je vise en macro le résultat, le tout dans une puanteur insoutenable, qui bien sûr, s'est immédiatement insinuée par les interstices de la porte dans tout le bar, les sièges en plastique moulé orangé et les vendeuses tartinées qui fument comme des pompiers !

Pas d'hésitation : avant le tour de rein je m'assoie enfin pour constater en rangeant mon appareil qu'il n'y a plus de papier dans le dévideur en métal chromé (flambant neuf) ce qui est une situation française impeccable. Devant moi il y a un lave-mains anachronique qui m'arrive au niveau des narines. L'atmosphère est devenue irrespirable, je décide alors de passer en apnée et de me laver les mains directement au robinet hyper design à cellule photo électrique, ce qui est très difficile car ça marche pas très bien et je dois mouliner en huit sous la tige pour obtenir un jet aussitôt interrompu par mes écarts de parallaxe, j'en profite pour me laver aussi le cul, inondant au passage les dalles en faux provençal, à la limite de l'asphyxie… Content de moi quand même je me dis que je suis très débrouillard et que je vais redresser la situation tout en imaginant les tronches défaites des clients attablés à environ 50 cm derrière la porte, qui elle, est toujours High-Tech.
Me levant les braies en accordéon, le cul mouillé, pour atteindre plus haut le séchoir automatique et j'agite mes mains dessous pour me rendre compte qu'il ne fonctionne pas non plus ! A ce point là de la post-modernité azuréenne, je m'essuie en conséquence les mains et le cul aux pants de ma chemise Levis et rabat le tout sur mon pantalon. En espérant avoir une bonne image dans ma poche j'ouvre la porte et je vois les clients tétanisés, verdâtres, et me dirige vers mon siège capitonné pour ouvrir le Figaro d'un air satisfait, en balayant autour de moi la salle d'un regard assuré, serein, soulagé.
Arrivé sur la place, en plein soleil, dans la lumière blanche, épuisé, j’ai tout de suite trouvé un titre pour ma photo : La comète d’Ayagaz ou la fusée de la théorie des Cordes en hommage à Gabriele Veneziano


Le cartel…

De douloureuses restrictions budgétaires nous amènent à suggérer aux metteurs en espace de l’exposition en cours un accrochage des photographies ci-jointes fixées au niveau sur le plan vertical à l’aide de scotch double face, dans l’ordre et la disposition qu’il conviendra d’appliquer suivant le lieu et les circonstances…


Le petit matin…

Comme Loulou fait son miel tôt, aux aurores, sur sa plaque de marbre blanc, tu dois te lever tôt, et au centre de la bibliothèque, sur de grandes tables où l’ouvrage s’étale, ainsi que sur une plaque de marbre blanc, tu dois, au petit matin, travailler dans le calme et l’étude chère à Confucius, en écoutant Misty par Ella Fitzgerald, doucement écouter le tournoiement des martinets, et travailler sans cesse, comme Loulou fait son miel…


Les Primitifs…

En ce moment je suis de plus en plus réfugié du côté des icônes (un peu) et des Primitifs (beaucoup), disons que le 14° siècle me va à ravir, pour se laver du merdier actuel où on a l'impression de patauger dans le sordide.
Au Louvre ils en ont une jolie palanquée, mal présentée, certes, mais ils sont là : Cimabue, Giovanni da Milano, Bernardo Daddi, Filippino Lippi, lemaître de Santa Verdiana, celui de la Nativité del Castello, et puis Bartolomeo Bulgarini, Pietro di Giovanni d'Ambrogio, Francesco Raibolini (dit Francia), Matteo Giovannetti, les maîtres de Santa Chiara, de San Francesco, du Codex de Saint-Georges, Lippo Memmi, Barnaba da Modena, Lorenzo Monaco, Simone Martini, Ugolino di Nerio, Francesco di Stefano (dit Pesellino), Pietro Vannucci (dit Perugin), Sano di Pietro, Pietro da Rimini, Stefano di Giovanni (dit Sassetta), Simone di Filippo (dit Simone dei Crocifissi), Bartolomeo di Tommaso da Foligno, Francesco di Vannuccio, Lorenzo Veneziano, Paolo Veneziano, Bartolomeo Vivarini, oui ce n’est pas si mal, c'est même pas mal du tout, et surtout, les "morceaux" exposés là sont souvent de purs chefs-d’œuvre.

Et ce qui est curieux c'est le « fort potentiel » comme dirait nos agents immobiliers essayant de fourguer une masure au fin fond de la Creuse où un pendu a été fraîchement décroché, qui émane de ces œuvres peintes sur panneaux de bois, véritables piles atomiques (des atomes d'esprit et de finesse), qui peuvent rivaliser, une à une, en solo avec n'importe quelle pièce (là on rit) d'Art contemporain.
Recette, façon combat Arthur Cravan (Alias Fabian Avenarius Lloyd) / Jack Johnson aurait aimé avancer un de nos clercs féru d'histoire du XX° siècle, le siècle qui a à peu près tout inventé : prenez un bon ring, mettez dessus un joli Koons ou un Mac Carthy bien crado, du genre qu'adorent les milliardaires incultes et posez à côté, juste posé, comme ça, tout humble, tout nu, un p'tit Bartolomeo di Tommaso da Foligno, un « tout simple », comme ça, « pour voir », comme au poker. Vous verrez. On est dans une époque carrément invivable…
Confusion. Régression. Fausses valeurs. Monnaies de singe.
Le mieux c'est d'être bourré et s'acheter une propriété dans les Cyclades, peinard, mais même là on n’est pas à l'abri d'une flottille barbaresque d'enturbannés venus décapiter de l'Européen pour filmer le tout et le passer en boucle sur Al Jazira...
Je me dis quand même que rien ne vaut une belle icône sur un mur blanc. Et le silence.

L’artiste, un temps d’avance…
(Notes en préparation de l’exposition Linee d’ombra, Lugano)

Les groupes humains ont pour critères essentiels à leur survie et leur développement l’établissement de règles qui puissent se répéter, être acceptées de tous et contrôlées par un ordre social lisible et clair.
Le sens commun du public a eu tendance dans la seconde partie du XX° siècle à considérer le rôle de l’artiste comme subversif et déstabilisant pour les institutions : le musée, les savoirs universitaires, la famille, les mœurs.
Cette perception de l’individu artiste a été encouragée par l’establishment qui a compris l’intérêt immédiat que constitue la subversion lorsqu’on la récupère en la concrétisant à travers un produit : le disque ou la carte postale, le clip, le tee-shirt, etc. Les grandes marques aussi ont puisé dans les contre-cultures pour donner un sang neuf aux dernières tendances. Ainsi les grands leaders de la mode ont avec intelligence sût engager les créateurs les plus non-conformistes, à priori, pour relancer le look de la femme moderne, de Pékin à Hambourg, de Liverpool à Palerme, de Shanghai à Oslo…
Les grandes fortunes anglaises comptent parmi leur position de tête d’anciennes Pop Stars et Madonna, bousculant les normes de la vie privée, affichant des engagements politiques progressistes, ou se prétendant tels aux yeux de la masse du public consommateur, augmente ainsi le chiffre de ses ventes de disques et de produits dérivés.

Le visage de Che Guevara, élève des jésuites devenu un révolutionnaire ambigu, est une effigie rentable et multipliable à l’infini comme l’icône de Marilyn…
La fin du siècle dernier, soit le XX° siècle d’une ère initiée par un prophète révolutionnaire dans la zone d’influence de l’Empire Romain, a remplacé l’autorité de l’histoire de l’Art par le culte de la nouveauté perpétuelle auprès des masses grâce à l’outil magique de l’espace médiatique permanent.
Le jour et la nuit même sont abolis par la continuité de la circulation de l’information.
Les principes fondateurs de l’ordre ancien se télescopent et nourrissent par leur disparition sans cesse annoncée l’idée d’un chaos permanent générateur synonyme de créativité et d’énergie.
L’aspect linéaire de l’histoire devant se diriger d’un point à un autre longtemps établi comme une croyance absolue par nos les idéologues du XX° siècle assujettis au dogme Hégélien serait orienté comme une lampe de poche vers la libération future de l’humanité de toute dépendance à un ordre quelconque, pour enfin laisser place à un homme nouveau, libre, autonome, modifiant son corps, atteignant sa forme maximisée par les prothèses médicamenteuses, la chirurgie esthétique, la maîtrise parfaite de son alimentation.
L’artiste véritable, lui, sait avant d’agir, anticipe en permanence, sans succomber aux leitmotivs en vigueur dans la société civile.
Ainsi, le préjugé du « nouveau perpétuel » (dont ici Ben est le chancre) ne peut l’influencer comme la lumière attire les insectes par millions.
Tout artiste porte en lui ce mystère d’avoir à l’esprit une formidable succession d’intuitions relayant une connaissance parfaite et elle-même en partie intuitive de l’histoire de l’Art et des sociétés humaines. Car il possède un outil fondamental : le travail permanent sur sa propre perception sensorielle lui permettant d’équilibrer comme un pilote de jet les paramètres sans cesse actifs dans son esprit qui sont les suivants, et qui eux, sont invariables :

- La primauté de la perception, explorée avec succès par Maurice Merleau-Ponty sous l’appellation de Gestalt-théorie, accomplie jusqu’à l’extrême par Claude Monet pourtant quasi-aveugle lorsqu’il réalise les chefs-d’œuvre des Nymphéas.

- Une connaissance quasi-infaillible de l’Histoire de l’Art et de l’évolution des sociétés qui passe par un savoir, universitaire ou non : le sens de l’observation attentive des chefs-d’œuvre passés donne à l’artiste une vision comparable à un promeneur arrivé au sommet des Alpes et distinguant la géographie et la topologie du terrain comme l’aigle distingue le déplacement d’une souris sous l’herbe de la prairie.

- Le pouvoir infini de l’imagination, dont Salvador Dali a démontré la suprématie et bouleversé pour toujours les attitudes simulées des faux subversifs.

- La vitesse entre intuition et action est ici déterminante. Dali anticipe sur les progrès de la Cybernétique, la révolution de l’atome, la folie théologique et la mise en abîme de la psychanalyse pour les propulser à la vitesse de la lumière en actions médiatiques qui ridiculisent, tout en les anticipant, les attitudes surréalistes et subversives des mouvements punks et des caprices de l’agit-prop des années 60, considérant à leur tour Dali comme un ringard.

- Blaise Cendrars, le prince des poètes, avait déjà peu après 1900 jeté les bases de la poésie moderne, et permit à la vague déferlante des Apollinaire et autres André Breton d’émerger quelques années plus tard lui volant la vedette !

- Enfin, la capacité à être constamment « au monde », c'est-à-dire « en situation », sur le terrain, attentif aux moindres variations des comportements humains et donc à pouvoir les anticiper car leur analyse est immédiate et fulgurante, comme la pieuvre au fond des mers anticipe sur tous les tremblements de terre possible sans que l’on sache comment elle procède, aussi sensible fut-elle aux vibrations. Le primitif n’agit pas différemment au milieu de la savane, de nuit, tendu sur l’animal qu’il devra tuer sans aucun droit à l’erreur.
Tous ces paramètres sont indissociables et ne dépendent pas des classes sociales : Ernst Jünger, l’immense écrivain allemand, projette sa pensée poétique au cœur des tranchées de la 1°guerre, attentif au mouvement des insectes et à l’éclosion des plantes alors que sa capacité d’action reste totale, il est un des meilleurs chefs d’escouade de la guerre, sera blessé douze fois, et laissera à la postérité un chef-d’œuvre : Orages d’acier. Pendant la campagne de France de 1940, haut gradé de la Wehrmacht, il continue inlassablement l’écriture de son œuvre, la reconnaissance du patrimoine architectural et gastronomique du pays envahit, dresse une cartographie de l’imaginaire au pouvoir sans égal…
En conclusion il est nécessaire d’établir clairement le mystère qui conduit l’artiste véritable à produire non pas des marchandises mais du patrimoine, donc la révolution permanente des valeurs et l’irruption de l’intemporel dans la vie de la cité, ce à quoi le philosophe, le financier ou le politique ne parviennent jamais avec une telle virtuosité.
Ce qui amène Georges Clémenceau, un des vainqueurs de la 1° guerre, a rendre visite sans cesse à Claude Monet et ses merveilleux Nymphéas, car cet homme dont dépend le sort de millions d’êtres humains et le destin des nations est ébloui par la suprématie du peintre et sa vision de l’intemporel…



En fin de compte

Ils sont venus à 2. De Livourne et Brescia. L'un veut faire une exposition Raymond Hains vu par Didier Hays et l'autre financer le catalogue. Cela va m'occuper et me remonter un peu ? D'abord il me faut construire un double projet : maquette de catalogue et plan d'exposition, en essayant de développer une thématique pertinente car Raymond Hains est un sujet à risque, un terrain miné, un couloir infernal, une issue fatale et aussi un vecteur formidable, un gisement à ciel ouvert (classico baroque !), de la dynamite, un Boulevard du Rhum, une autoroute, un tremplin, un casse-tête, un jeu de l'oie, un Monopoly (aussi), une arène romaine avec des gladiateurs de l'intellect, les 24h du Mans de la gastronomie aux additions astronomiques, une encyclopédie des farces et attrapes, la chausse-trappe des wagons-lits, le grand cabaret de la dernière chance, un écheveau et un cheval de frise de la pensée, la tortue supersonique de la logorrhée organisée façon Colbert, le Saint-simonisme du milieu de l'Art, etc. Du pain sur la planche façon Jean Laplanche ? Enfin, bref, c'est sans fin...


Les vacances de Tonton-Raymond-le-petit-porte-clefs…

Mon cher D., le problème, et je le vois bien, vu que je suis posté en franc -tireur, c'est qu'avec ces trucs artistiques tu démarres dans un nuage de poussière façon Praxitèle, tu te prends pour Léonard (certains pour Benhur c'est tout dire), puis ça part en glaire très vite...
Là, par exemple, hein, par exemple, je bricole à bouts de ficelle des machins pour Les vacances de Tonton-Raymond-le-petit-porte-clefs, à Milan, St-Trop', Londres, l'île de Bendor, à la Légion, Colombey et même sur la lune et au Negresco, bien, et tout ça en Alfa.
C’est que Tonton Raymond, le petit porte-clefs, va vite, très très vite, il ne voyage pas en Simca ? Oh non, mais en Alfa Roméo Giulia TI. Et ne me prends pas pour un SICAV.
Ben c'est coton, j'en flageole, ya des passages difficiles, des Khyber Pass électroniques, des grains de folie douce, des coups de grisou sournois, la glissade sur la toile cirée est là, qui te mine d’or...
Tu penses bien que tout ça je le rumine depuis des lustres de Murano !
Comment s’y retrouver Raymond est un boulet c'est certain, je m'en sers et je le sers aussi en hors-d’œuvre, par politesse mais c'est pas mon trotteur favori, j'ai mes oignons, et ce depuis 30 ans déjà, Raymond je lui règle son compte, pour une fois c'est moi qui paye, pour alléger la barque qui d'ailleurs prend l'eau jusqu'aux genoux, et je m'en fous, je suis plongeur par nature, j'ai commencé au restaurant, avec de la mousse sur les coudes, puis plus tard c'est par 50 mètres de fond que j'ai poursuivi, en plein bleu de Klein, pour de vrai et même façon Tintin avec un casque lourd dans la baie de Nice qui s'est terminée dans Apnéa. De bons moments.


Qui au fond me rappellent ceux passés à table avec Raymond : « - Moi je prends des huîtres, et toi ??? - Oh moi, je ferais bien le sous-marin Ariane ce matin, avec une bonne lampe. »
Faut pas oublier concernant Diane et les jeunes, que Raymond Hains, d'ailleurs surévalué comme dirait justement Ben, et comme Raymond me l’a lui-même confié en tête à tête, que Raymond, donc, est une référence et une sorte d'idole pour les jeunes artistes, ça peut paraître rigolo mais c'est comme ça, alors ce petit train d'images et de situations que Raymond a tiré toute sa vie a encore du chemin à parcourir...

Je travaille comme un forcené, d’arraches-moi les pieds, c’est l’essentiel. Travaillons avec le cœur et tant pis si on se trompe, le rouge est mis, les pieds sont dans le tapis, la chatte de la mère Michel y retrouvera à coup sûr ses petits, ça ne manque jamais... Et puis ce n’est pas en envoyant des emails diamants à tout Paris que les choses vont s’arranger.



Jardin à Paradiso…

Cette série je l’ai faite à Lugano, assis sur la cuvette des toilettes de Luca M. Venturi, des chiottes Geberit modèle Balena avec jet d'eau chaude puis froide, et pendant que je remuais légèrement le cul avec délice pour que le jet nettoie le moindre petit repli, ce qui m'arrivait plusieurs fois par jour car j'avais fini par m'asseoir sur les chiottes et appuyer sur le petit bouton par pur plaisir, pendant ce temps donc, lorsque j'eus fini de lire 4 ou 5 fois la revue Armi posée devant moi, je finis par tourner systématiquement la tête vers la droite, que je préfère à la gauche, pour observer à 30 ou 35 cm de mes yeux les reflets du jardin juste derrière la vitre moulée de formes « ovaloïdes » imbriquées pour masquer les regards, et comme les feuilles de l'arbuste en pot touchaient doucement la vitre, suivant l'heure et de la météo, j'ai trouvé les reflets verts chauds, froids, très beaux, variables comme le temps, la brise légère de la Collina Azzura, ses pluies délicates ou parfois violentes et torrentielles, et chaque jour j'ai fait plusieurs photos, assis ainsi sur la cuvette des chiottes.
Si bien que je me suis pris au jeu guettant à tout moment les infimes variations de lumière qui finirent par devenir fascinantes. Enfin, succombant à la tentation et sentant qu'une expo était suspendue au dessus de ma tête comme un étron suspendu retenu par un mince filament au dessus de la flotte avant de plonger dans la cuvette je suis allé dans le jardin, de l'autre côté de la vitre, pour rapprocher le manche rouge de l'outil en métal posé sur le rebord de la fenêtre pour donner le fameux point rouge de Corot à mes compositions, ce qui m'a amené très vite à descendre ensuite le store en PVC au moyen de la manivelle que je pouvais manipuler tout en restant assis pour créer une sorte d'effet rideau à volonté et obtenir ces gris subtils qui me font obsessionnellement penser aux gris de L'atelier de Bazille et plus encore aux gris et parements noirs d'une immense robe longue sur fond vert de Manet qui se trouve je crois au Musée d' Orsay, ce mastaba imbécile, bien plus que le second Empire n'aurait jamais pu le concevoir.
Alors je me suis dit que cela ferait un joli hommage à Monet (le côté « jardins ») mais j'ai opté pour Jardin à Paradiso que je trouve facile à prononcer, c’est le nom du quartier où se trouve la résidence Collina Azzura et nous sommes à 2 pas de ma sculpture Golfo, ça tombe bien.


L’Art frileux…

Le milieu de l'Art français est frileux et conservateur, assujetti aux allemands et aux USA, jaloux de celui qui sort un peu la tête, ancré sur ses convictions post-Duchampiennes, soucieux de préserver ses acquis, à savoir les millions d'euros investis par l'état et les Frac depuis 30 ans, donc peu enclin à ouvrir les portes à ceux qui vont à l'encontre de leurs certitudes, certitudes qui sont dans la ligne de la bien-pensance d'une certaine gauche, gardée par une armée de clercs aux bonnes soldes de l'Etat, et un clergé laïc aux manettes, Beaubourg au centre. L'Etat ! Passons. Salut les copains.





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